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« On chauffe encore aujourd'hui, mais demain, il n'y en aura plus, et plus d'argent pour en racheter (charbon) jusqu'à... je ne sais pas jusqu'à quand. »

« Ciel qu'il fait froid » ! Cette phrase qu'on entend partout, prononcée au moindre coup de vent prend tout son sens pour Rudy et W. Je les ai rencontrés lors de mon stage dans l'ASBL « Vivre Solidaire ». Cette ASBL s'occupe des plus démunis d'entre nous. J'ai donc décidé de rencontrer ces personnes dans leur quotidien, leurs difficultés hivernales : se chauffer serait-il un luxe en 2015 ?

Voici en quelques lignes des propos recueillis auprès de ces personnes moins chanceuses : manque de moyens et bâtiments mal équipés sont les principales causes identifiées à leurs soucis.

S-P(stagiaire) :Quelles sont vos difficultés lorsque l'hiver s'installe ?

Rudy : « C'est question de payer le charbon, parce qu'il est quand même cher. Il faut... je vais dire plus d'une tonne pour l'hiver, ça dépend l'hiver aussi... Avec le chômage, question de payer tous nos papiers (loyer, charges etc.), de se chauffer et de terminer le mois pour manger et tout ! »

W. : « Bah, la situation financière... c'est très dur parce que le charbon, c'est pas évident d'en avoir. On chauffe encore aujourd'hui, mais demain, il n'y en aura plus et plus d'argent pour en racheter jusqu'à... je ne sais pas jusqu'à quand. C'est très dur pour manger aussi : faire les courses dans les grandes surfaces, je le fais et je prend le moins cher ; mais encore comme ça c'est dur pour manger tout le mois. »

S-P : Donc la grande difficulté en hiver c'est de pouvoir manger et se chauffer en même temps ?

W. : « Oui ! Par exemple, je ne peux pas acheter ce que je veux, je prends au moins cher, c'est maquée-confiture matin, midi, soir ; j'en ai jusque là ! Enfin sauf quand il y a le colis (aide alimentaire délivrée par l'ASBL) »

Rudy : « Oui voilà, c'est ça le problème. En plus je suis papa de 3 enfants. Je suis en train d'en aider un pour l'instant, qui est suspendu du chômage, donc faut arriver à suivre... Surtout un gamin de 22 ans (son fils), suspendu du chômage, avec une jeune femme et un petit garçon de 9 mois. Les laisser sans manger, je préfère encore me priver pour que les enfants aient à manger... c'est comme ça. »

Dans un second temps, j'ai questionné Rudy sur les solutions qu'il avait trouvées pour se chauffer. Voici la suite de l'interview où le mot « débrouillardise » prend vraiment sens :

SPB : Quelles sont tes solutions pour remédier à ce problème du froid, qu'est ce que tu mets en place ?

Rudy : « Quand on n'a pas de charbon, on se chauffe avec du bois, tout ce qu'on trouve, un peu partout. Par exemple, si les gens jettent des vieux meubles sur le trottoir, on les prend... enfin, on va d'abord leur demander pour voir ce qu'ils en font et on les casse pour se chauffer. »

SPB : Et le charbon où le trouves tu ?

Rudy : « Bah j'achète petit à petit dans les colis solidaires (ASBL « Vivre Solidaire »). Juste ici , parce qu'on ne peut pas être inscrit partout (les autres centres d'aide) »

SPB : Tu ne viens en chercher qu'ici ? Ou aussi dans les magasins ?

Rudy : « Non, non, non (rires), dans les colis solidaires, on paye deux euros (le sac de 10kg), dans les magasins, pour le même sac, c'est 6euros et ça... c'est pas possible. Avec cette économie, on s'achète du pain. »

Que pouvons-nous faire pour aider ces gens ? Que pourrions-nous envisager comme projets pour un avenir plus équitable ? Dans l'ASBL, depuis quelques années, nous avons mis en place une « Opération Charbon » pour les mois les plus froids. Elle consiste à fournir aux gens qui en ont besoin du charbon à moindre prix. Pourtant cela reste insuffisant, que pourrions-nous proposer en plus pour améliorer leur qualité de vie ?

 

Simon Pierre Bodart

Stagiaire Educateur